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Ce site archéologique, partiellement détruit par l'exploitation de la gravière, fut fouillé par JL Odouze de 1967 à 1977. Les vestiges retrouvés correspondent aux fondations d'une église. Elle fut construite sur un site occupé à l'époque protohistorique et gallo-romaine. Les objets retrouvés durant les fouilles ont permis la datation de la construction du VIIe siècle. Le site fut abandonné pour des raisons inconnues au cours du Xe ou du XIe siècle.
Vue générale
L'occupation de ce site correspond à la période mérovingienne. La dynastie des Mérovingiens fut fondée par le roi Mérovée. Il fut élu chef de toutes les tribus franque de Gaule en l'an 448. La période mérovingienne succéda à l'occupation gallo-romaine. Son fils, Childéric 1er, commença la conquête de nouveaux territoires. Le royaume franc connut son expansion maximale sous le règne de Clovis, sacré roi en 481. Son baptême, en 496, lui offrit le soutien de l'église chrétienne et de l'aristocratie gallo-romaine. A sa mort, en 511, le royaume franc comprenait la majeure partie de la France (exception faite de la Bretagne et du pourtour méditerranéen), la Belgique, les Pays-Bas et la majeure partie de la Germanie. A la fin du règne de Dagobert 1er (celui de la chanson) en 639 commença l'ère des rois fainéants. Ces rois, très jeunes à cause des luttes fratricides pour le pouvoir, furent peu à peu le jouet de l'aristocratie. Le maire du palais (intendant) prit de plus en plus de pouvoir et en 751, Pépin le bref dépose le dernier roi mérovingien, Childéric III. C'est le début de la période carolingienne. Le roi carolingien le plus connu est sans doute Charlemagne qui régna de 768 à 814.
La nef
Les vestiges retrouvés correspondent à un bâtiment rectangulaire de 20,70 m de longueur pour 10 m de largeur orientée nord-est/sud-ouest. Ce bâtiment de type basilical est prolongé au nord par une abside en fer à cheval large de 6,80 m et profonde de 5 m. L'abside est flanquée de deux salles rectangulaires. Celle de l'ouest fait 5,60 m sur 3,40 m et celle de l'est 6,40 m sur 2,80 m. Le bâtiment principal est flanqué de deux bas-côtés. Celui de l'ouest a une largeur de 4,25 m et celui de l'est a une largeur de 3,20 m. La partie du bas-côté située vers l'abside constitue une pièce fermée d'une longueur de 5,90 m tandis que le reste du bas-côté devait être ouvert sur l'extérieur.
La pièce au fond du bas-côté est est flanquée d'une chapelle annexe. C'est un petit bâtiment rectangulaire de 5,90 m sur 4,10 m complété au nord par une abside de 2,90 m de diamètre. Cette abside était complètement dallée. Ce dallage possédait en son centre une cavité de 40 sur 30 cm probablement prévue pour contenir des reliques. Cette cavité devait être surmontée d'un autel. Ce bâtiment devait être une chapelle privée. Son sous-sol contenait neuf sépultures bien alignées.
La chapelle annexe
Au centre de l'abside du bâtiment principal se trouve un massif rectangulaire de 1,50 m sur 1,10 m correspondant à la base de l'autel. Les murs conservés, d'une épaisseur de 50 cm et d'une hauteur de 1,50 m sont les fondations des bâtiments. La partie supérieure, arasée de manière presque constante, correspond, de ce fait, au sol initial des bâtiments. Le seuil visible côté sud/est montre le niveau du sol de l'édifice. La faible épaisseur de ces fondations et l'absence de vestiges font dire aux archéologues que les murs étaient certainement en bois. De même, l'absence de tuiles penche en faveur d'un toit en matière périssable tel que le chaume ou des bardeaux en bois.
Le seuil de la porte d'entrée
Détail d'un mur
Reconstitution possible de l'église
La structure circulaire visible actuellement au centre de la nef correspond probablement à un four à chaux installé au milieu du chantier de construction de l'église. Cette structure de 4,50 m de diamètre et profonde de 1,40 m était enfouie sous le sol de la nef et donc invisible des fidèles.
Le four à chaux ?
Dans le sol de l'église et de ces annexes furent retrouvées 150 sépultures. Ce nombre peut être considéré comme étant faible. L'église ayant été fréquentée sur une période de trois siècles, ce nombre correspond à deux sépultures par an. Ce qui voudrait dire que soit la population était peu christianisée, soit elle était peu nombreuse soit les sépultures étaient réutilisées au fur à mesure des besoins ou alors la nécropole était plus vaste que le site subsistant actuellement. Les archéologues n'ont d'ailleurs pas pu déterminer si le site correspond à une église paroissiale ou à un oratoire privé.
Deux sarcophages
Vue du bas-côté et de la chapelle
La plupart des sépultures étaient en pleine terre ou faites de planches maintenues par des pierres de calage. Dans le chœur, deux sépultures maçonnées furent retrouvées. Une des deux utilise les fondations de l'église pour un de ces côtés. Il s'agit dans ce cas d'une sépulture collective contenant trois corps.
Un des sarcophages maçonnés de l'abside
Vingt-trois sarcophages furent retrouvés dans les bâtiments, dont treize, au sein de la nef et de son abside. Aucun sarcophage ne fut découvert à l'extérieur des bâtiments. Certains de ces sarcophages ont été réemployés plusieurs fois et d'autres ont été réparés. Ce qui démontre la grande valeur qu'ils représentaient pour la population de l'époque.
Les sépultures ne contenaient souvent aucun matériel. Quelques-unes contenaient un collier en perles de verre. Très peu d'armes furent retrouvées ce qui est inhabituel pour le VIIe et le VIIIe siècle. Le peu de matériel retrouvé par rapport aux nombres de sépultures peut avoir pour explication que le mobilier déposé dans les sépultures était effectivement rare (les offrandes aux morts furent interdites à l'époque carolingienne par l'église qui les considérait comme des pratiques païennes) ou que les sépultures avaient été pillées.
Dans un des sarcophages du chœur ont été retrouvées une boucle de ceinture en os, une garniture de ceinture en plomb et une fibule en or incrustée de grenat et d'émaux cloisonnés. Ce matériel a été daté du VIIe siècle.
Le reste du matériel découvert consiste en des colliers en perles de verre, des vases, des scramasaxes (grand poignard de guerre des Francs), des couteaux en fer, des boucles en bronze, une aumônière avec une petite balance en bronze, des fibules en plomb, des colliers et des boucles d'oreilles en argent. De nombreux tessons de céramique carolingienne furent également retrouvés autour de l'église.
Ces photographies ont été réalisées en avril 2007.
Y ACCÉDER:
L'église paléochrétienne est située sur une presqu'île du troisième étang du centre nautique de Val de Bonnal. Les étangs de ce site privé (entrée payante) sont aménagés pour la baignade, les sports nautiques et la pêche. Le site archéologique est clôturé et son accès règlementé.
Les indications pour accéder à ce lieu insolite sont données sans garantie. Elles correspondent au chemin emprunté lors de la réalisation des photographies. Elles peuvent ne plus être d'actualité. L'accés au lieu se fait sous votre seule responsabilité.
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Cette page a été mise en ligne le 10 juin 2007
Cette page a été mise à jour le 15 février 2015