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À quelques dizaines de kilomètres du mondialement connu sanctuaire de Lourdes se trouve un pèlerinage marial existant depuis le XIe siècle. Le petit village de Bétharram-Lestelle abrite un sanctuaire et un chemin de croix qui furent, avant l'avènement de Lourdes, le troisième pèlerinage de France. Actuellement, le pèlerinage est fêté le 14 septembre à l'occasion de la fête de l'exaltation de la Sainte Croix.
La
façade du sanctuaire
Selon la légende, au cours du XIe siècle, des bergers virent, au pied de la montagne de Lestelle, une étrange lueur dans un buisson. Elle provenait d'une statue de la Vierge. Les habitants de Montaut tentèrent en vain de transporter la statue vers leur commune située sur l'autre rive du Gave. À chaque fois, la statue revenait dans son buisson. Il fut donc décidé de construire une chapelle à cet endroit. La chapelle fut dénommée "Dévote chapelle" et la statue reçut le nom de Notre-Dame de Lestelle (étoile). Une copie du XIVe siècle de cette statue de la Vierge allaitant l'Enfant Jésus est conservée dans la chapelle actuelle. La première mention officielle dans un texte de cette chapelle date de 1493 lorsque Bernard d'Abbadie lui fit un legs.
Une autre légende nous relate qu'à l'endroit où le Gave se rétrécit, une jeune fille, tombée à l'eau, aurait été sauvée par un "beau rameau" (beth arram en béarnais) tendu par la Vierge Marie et Jésus. Ce "beau rameau" est représenté au pied de la statue de la Vierge à l'enfant placé au-dessus du maitre-autel de la chapelle. Le sanctuaire connut moult pillages et destructions entre 1549 et 1569 au cours des guerres de religion. Il fut reconstruit avec l'autorisation de Marie de Médicis à partir de 1614. En 1616, lors de son pèlerinage, Léonard de Trappe, archevêque d'Auch, fit ériger un grand calvaire en bois au sommet de la montagne de Lestelle. Deux mois plus tard, les paysans virent un "violent coup de vent renverser la croix qui aussitôt se releva d'elle-même, environnée d'une lumière éclatante". Le père Hubert Charpentier, curé de Bétharram, convaincu de la véracité du récit des paysans, fit construire un chemin de croix à flanc de colline. Aux traditionnels quatorze stations, il rajouta une quinzième station célébrant la résurrection du Christ. Le miracle de 1616 relança le pèlerinage.
La nef de la chapelle Notre-Dame de Bétharram
Le bas-côté droit
L'archevêque de Paris, Pierre de Marca (1594-1662), comptabilisa, entre 1620 et 1642, pas moins de 82 miracles attribuables à Notre-Dame de Bétharram. En 1659, Saint Vincent de Paul écrivit "un lieu de grande dévotion et si ce n'est le second au moins le troisième plus fréquenté du royaume. C'est Notre-Dame de Bétharram où il se fait souvent des miracles". La construction du chemin de croix, instauré par le père Charpentier, ne fut cependant achevée qu'en 1720. Il ne résista pas aux velléités destructrices des révolutionnaires de 1794. Il n'en subsiste qu'un Christ à la colonne dont les mains sont liées dans son dos (conservé dans la chapelle) et une tête de femme en marbre (conservé dans le musée).
Le renouveau du sanctuaire eut lieu en 1804 lorsque l'abbé Procope Lassalle y fut envoyé par l'évêque de Bayonne pour y diriger un petit séminaire puis un grand séminaire. À partir de 1807, attirés par les eaux thermales des Pyrénées, les Grands du monde et les gens aisés vinrent en villégiature dans la région et notamment à Pau qui mit tout en œuvre pour les accueillir. La reine Hortense de Hollande visita Bétharram et laissa une "aumône royale" destinée à la reconstruction du calvaire. La duchesse d'Angoulême, fille de Louis XVI, vint y prier en 1823. La duchesse de Berry fit de même en 1828. Celui à qui nous devons le sanctuaire actuel, le père Michel Garicoïts fut nommé supérieur du séminaire de Bétharram en 1825. Il y fonda la "Congrégation des prêtres du Sacré-Cœur de Jésus" dont les missionnaires sont toujours très actifs aujourd'hui. Après l'incendie du monastère en 1839, il entreprit la restauration de la chapelle et du chemin de croix qu'il confia au sculpteur Alexandre Renoir, le frère du peintre Auguste Renoir. Lorsqu'il dut quitter Bétharram en 1845 pour des raisons de santé, Alexandre Renoir avait achevé sept des stations du chemin de croix et réalisé la statue de la Vierge au "beau rameau" qui trône au-dessus de l'autel de la chapelle. Le sanctuaire connut, en 1859, la visite de l'empereur Napoléon III et de l'impératrice Eugénie. Le père Michel Garicoïts mourut en 1963, dix ans avant l'achèvement des travaux de restauration. Le chemin de croix fut béni le 14 septembre 1873 en présence de 25 000 pèlerins. Le père Michel Garicoïts fut béatifié en 1923 et canonisé en 1947.
Le maitre-autel
Le sanctuaire de Bétharram comprend trois espaces sacrés : la chapelle Notre-Dame, la chapelle Saint Michel Garicoïts et le chemin de croix. La chapelle Notre-Dame actuelle fut construite entre 1647 et 1653. Elle possède une façade en marbre gris à trois niveaux flanqués de deux tours à toiture trapézoïdale. Le porche central, encadré par deux portes latérales, est surmonté d'une niche avec une statue de la Vierge. Celle-ci est encadrée par deux fenêtres puis par les statues des quatre évangélistes. Au fond de la nef se trouve le maitre-autel au-dessus duquel trône la statue de la Vierge, œuvre d'Alexandre Renoir, entourée de Sainte-Anne et de Saint-Joachim, à gauche, et de Sainte-Elisabeth et de Saint-Zacharie, à droite. La nef est décorée avec huit grandes toiles représentant des scènes de l'enfance de Jésus. Les deux autels latéraux, du XVIIe siècle, sont décorés avec des sculptures représentant l'apparition de la statue miraculeuse au XIe siècle et la Vierge Marie avec sa famille. À l'entrée de la nef se trouve la statue en bois du XVIIe siècle du Christ à la colonne, rescapé des destructions de 1794. Les vitraux des fenêtres content l'histoire de Bétharram.
La copie de la statue miraculeuse
L'entrée de la chapelle avec à gauche la statue du XVIIe siècle
du
Christ à la colonne
La chapelle Saint Michel Garicoïts fut érigée pour sa béatification en 1922 dans l'espace séparant la chapelle Notre-Dame de l'ancien monastère. Conçue par l'architecte Gabriel Andral, elle possède un plan circulaire. L'espace est dominé par le maitre-autel en marbre rouge supportant la châsse en bronze contenant la dépouille du saint (le visage et les mains sont en cire). Dans la coupole sommitale se trouve le vitrail figurant la gloire de Saint Michel Garicoïts et réalisé par les frères Maumejean. Le saint y est présenté par l'archange Saint-Michel à la Vierge de Bétharram.
La chapelle Michel Garicoïts
La châsse reliquaire de Saint Michel Garicoïts
Le chemin de croix est constitué de quinze oratoires, parfois de véritables chapelles, de style roman. Les stations sont : l'agonie au jardin des Oliviers, la trahison de Judas, Jésus devant Caïphe, la flagellation, le couronnement d'épines, Ecce Homo, Jésus condamné à mort, le portement de la croix, les filles de Jérusalem, le crucifiement, Jésus meurt sur la croix, la descente de la croix, Mater Dolorosa, la mise au tombeau et Jésus ressuscite des morts. Les oratoires ou chapelles des stations 1 à 5, 7, 8 et 10 contiennent des bas-reliefs d'Alexandre Renoir. Le Christ glorieux qui domine la chapelle de la Résurrection est du sculpteur lyonnais Fabish, également auteur de la Vierge de la grotte de Lourdes. La chapelle de la Résurrection fut le lieu de sépulture de Michel Garicoïts de 1863 à son transfert dans sa chapelle en 1922. Sa tombe aurait été le lieu de miracle. Ses successeurs, le père Jean Chiron (1808-1873) et le père Auguste Etchécopar (1830-1897) y sont également inhumés.
La 1re station
Le bas-relief de la 1re station
La 2e station
Le bas-relief de la 2e station
La 3e station
Le bas-relief de la 3e station
La
4e station
Le bas-relief de la
4e station
La
5e station
Le bas-relief de la
5e station
La 6e station
La météo et le manque de temps ne mon pas permis de visiter les autres stations du chemin de croix.
Pour permettre l'accès au sanctuaire et la traversée du Gave, les habitants de Montaut construisirent dès 1308 un pont en bois. Assez étroit, et du fait que les deux rives du Gave ne sont pas au même niveau, ce pont, déséquilibré, était assez dangereux et fut très rapidement placé sous la protection de la Vierge. La bastide de Lestelle fut fondée en 1335 et ses habitants furent dispensés de droit de péage. Les frais d'entretien du pont furent alors partagés entre les villages de Lestelle et de Montaut. Après la destruction du pont par les crues de 1646, 1676 et 1678, il fut décidé de construire un pont en pierre en amont du pont existant à l'endroit le plus étroit du Gave. L'accord du parlement de Pau fut obtenu le 3 août 1678. Il fut décidé que Lestelle payerait 2000 livres et Montaut 1000 livres pour la construction. En 1681, les travaux furent confiés à des maitres maçons de Pau, de Nay et de Pontacq. Le bail signé prévoyait un pont avec un seul arceau de 12 canes (23,04 m) de longueur et de 22 pans (5,28 m) de largeur y compris les gardes fous. Les maitres maçons s'engagèrent à construire le pont en deux ans. En juin 1684, peu avant le clavage de la voute, le cintre se rompit provoquant l'effondrement de l'ensemble. Les religieux du sanctuaire de Bétharram convainquirent alors Daniel Bairon de Lescar de reprendre les travaux et lui passèrent un nouveau marché en versant 2000 livres. Le pont fut achevé en mai 1687 et il résista à toutes les crues du Gave. Le vieux pont de bois fut vendu pour 20 livres 4 sols en septembre 1689.
Le pont
de Bétharram
Ces photographies ont été réalisées en novembre 2017.
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Le sanctuaire de Bétharram est situé entre les villages de Bétharram-Lestelle et de Montaut.
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Cette page a été mise en ligne le 26 janvier 2018
Cette page a été mise à jour le 26 janvier 2018